

Plus de dix-huit mois après la mise en place de la très contestée réforme de la Police Nationale, les parlementaires des deux Chambres se sont livrés à un nécessaire exercice d’évaluation et ont rendu, en juin et octobre dernier, deux premiers bilans. L’ANPJ a été entendue dans le cadre de ces nouvelles missions d’information et a pu, grâce aux retours d’expérience recueillis auprès de ses adhérents, présenter ses observations et ses critiques.
Elles rejoignent les constats des parlementaires, dont les conclusions sont sans appel : la plupart des inquiétudes soulevées contre le projet, principalement par l’ANPJ et l’autorité judiciaire, se sont malheureusement concrétisées. Cette réforme a abouti, au prix de « gains modestes » obtenus par l’unification de la filière judiciaire, à « un affaiblissement de l’ancienne PJ et à la marginalisation de l’investigation spécialisée dans la filière ».
La nouvelle organisation, mise en place à marche forcée et dans des délais contraints, est jugée complexe et peu lisible. Le « virage numérique » pourtant impérieux est à peine engagé, comme l’illustre la promesse sans lendemain d’un nouveau logiciel de rédaction de procédure. La rénovation et l’unification de la gestion des ressources humaines, conditions préalables à la création des grandes filières métiers censées casser les « silos » de l’ancienne organisation, ont été purement et simplement abandonnées. La cohabitation de l’autorité hiérarchique et d’une nouvelle « autorité fonctionnelle » jugée trop théorique, réparties entre des strates administratives, opérationnelles et stratégiques, engendre nombres de difficultés, de confusions et de frictions entre les échelons nationaux, zonaux, (inter)départementaux et locaux.
Les rapports parlementaires énumèrent les conséquences néfastes et les dysfonctionnements majeurs de l’application de la réforme pour la filière judiciaire, pointant notamment l’utilisation des enquêteurs à des tâches périphériques, le repli des services territoriaux en îlots départementaux inadaptés en matière de lutte contre la criminalité organisée, la mutualisation et la dispersion des moyens matériels et humains des unités support spécialisées au détriment de la sanctuarisation de l’ex-PJ, la disparition du réseau de partage de l’information et l’érosion progressive du savoir faire de l’ex-PJ. Tout, dans cette réforme, concourt à la perte d’efficacité de l’action, de la compétence et de l’expertise des services spécialisés. Dans certains champs criminels, au premier rang desquels les affaires économiques et financières, le recul est encore plus marqué. L’échelon zonal, dépourvu de compétences et de moyens opérationnels, est jugé opaque, technocratique et inabouti, alors même qu’il a absorbé un grand nombre d’enquêteurs qualifiés.
Ces constats affligeants sont partagés par l’ANPJ. Pour autant, elle regrette que les sénateurs, qui concluent à l’échec de la réforme pour l’ex-PJ, jugent qu’un retour en arrière, pourtant « souhaitable », ne puisse être envisagé sans risquer une déstabilisation accrue de l’institution police et une opposition d’une partie de la coalition gouvernementale. Parmi les conclusions des députés, l'ANPJ se félicite de trouver des recommandations qui coïncident avec les propositions qu’elle porte depuis sa fondation : la création à terme d’une Direction Générale de Police Judiciaire, le renforcement dans l’intervalle de la filière judiciaire à l’échelon zonal, plus adapté que le département, par le rattachement hiérarchique des DCOS et des services supports, et la création d’un recrutement dédié à l’investigation avec un concours d’entrée spécifique.
De même, les rapporteurs ont constaté que la réforme n’a pas résolu la crise de l’attractivité de la filière judiciaire qu’elle a même aggravée, ni la question des stocks de procédures en souffrance qui continuent de croître. Ces objectifs étaient pourtant clairement affichés par les promoteurs de la réforme. Aujourd’hui, les enquêteurs des commissariats continuent d’être noyés sous près de 3 millions de procédures en stock et cette crise impacte désormais de plein fouet les enquêteurs de l’ex-DCPJ.
Le « plan investigation » annoncé en avril dernier par le Ministre de l’Intérieur sortant devait palier l’échec patent de la réforme concernant la crise de l’investigation. Le projet, dont l’ANPJ a pu consulter les grandes lignes, n’est malheureusement pas à la hauteur de l’ambition affichée.
La « prime investigation » n’est qu’un rééquilibrage par rapport à la « prime de voie publique ». Elle ramène à la situation du début 2022, qui était déjà celle d’une profonde crise de vocation et de perte de sens des enquêteurs.
La « prime de technicité » – qui existe déjà depuis de nombreuses années dans la Gendarmerie – est certes une mesure attendue depuis longtemps, mais elle ne concerne qu’un nombre restreint d’enquêteurs.
L’instauration d’une formation « en Y » orientant les élèves gardiens de la paix vers l’investigation en cours de formation initiale sur la base du volontariat est bienvenue. Cette mesure vient en effet remplacer le désastreux système mis en place en 2023, qui imposait aux élèves une formation OPJ non souhaitée. Le nouveau système de recrutement n’est cependant pas exempt de défauts et tarde à être mis en place en raison d’un manque de moyens.
La « PJ à 20 000 enquêteurs» fièrement annoncée à tout-va n’est qu’un mensonge, puisqu’il ne s’agit que de l’addition des enquêteurs de toute la filière investigation et non d’un renforcement des services d’enquête qui sont en réalité sous tension et en sous effectifs partout sur le territoire. Le recrutement, étalé sur deux ans, de 2 000 « équivalent temps plein » - il n’est même plus question d’OPJ - est largement insuffisant. En effet, ce sont a minima 12.000 enquêteurs qu’il faudrait recruter pour parvenir à un ratio enquêteurs/affaires traitées équivalent à celui de la Gendarmerie Nationale, qui n’est pas non plus épargnée par la crise de l’investigation.
L’ANPJ défend l’investigation dans son ensemble, et elle constate que ni l’action du Ministère, ni celle des organisations syndicales, qui devraient à l’unisson dénoncer la situation catastrophique de la filière judiciaire, ne sont à la hauteur des problèmes de perte de sens et de dégradation des conditions de travail des services d’enquête. La Police Nationale n’est plus en état de répondre aux attentes des citoyens victimes d’infraction.
L’ANPJ continuera d’alerter l’opinion publique sur l’agonie des services d’enquêtes rendus incapables de répondre au désarroi de millions de victimes, et sur la mort lente des services d’enquêtes dédiés à la lutte contre la criminalité organisée et spécialisée.

Mesdames, messieurs les députés,
particulièrement concernée par la proposition de loi "Sortir la France du piège du narcotrafic" et avant le début des travaux de la commission des lois du Sénat, l'Association Nationale de Police Judiciaire avait transmis ses observations.
Notre association professionnelle, apolitique et asyndicale rassemble tous les métiers et tous les grades de l'investigation de la police judiciaire. Plus de 2000 de nos adhérents sont quotidiennement impliqués dans la lutte contre la criminalité organisée et spécialisée. À ce titre, nous souhaitons vous faire part de notre projet de réorganisation de nos services en une Direction Générale de Police Judiciaire. Nous l'évoquions déjà dans une lettre ouverte transmise à certains d'entre vous en juin 2024.
Le 02/07/2024, trois représentants de l’ANPJ ont été reçus par monsieur Jean-François RICARD, conseiller spécial auprès du garde des Sceaux, chargé de la mission de concertation relative à la création d’un parquet national anti criminalité organisée (PNACO). Dans un communiqué de presse daté du 13/09/2024, nous avions alors alerté sur l'importance des moyens d'enquête dont devait disposer ce nouveau parquet spécialisé.
Aujourd'hui, nous nous adressons à vous pour vous éclairer sur la situation actuelle. Sans revenir sur la
réforme de la police nationale, il nous paraît indispensable de faire évoluer la filière judiciaire pour mener le combat contre le narcobanditisme. La DNPJ semble être désignée pour assurer le chef de filat de cette lutte.
Elle ne dispose pour cela que des quelques centaines d'enquêteurs relevant des offices centraux situés à Nanterre (92), sur lesquels elle exerce une autorité hiérarchique. Le parallèle est régulièrement fait entre la lutte contre le terrorisme et la lutte contre le crime organisé et spécialisé. Dès lors, la réponse du ministère de l'Intérieur ne peut pas se limiter à la création d'un état-major sur la criminalité organisée (EMCO). Les guerres ne se gagnent pas avec des états-majors !
L'organisation actuelle repose sur des autorités fonctionnelles et un échelon territorial inadapté :
- Dans les territoires, les enquêteurs spécialisés sont répartis dans 51 départements avec leur tête 51
directeurs interdépartementaux de la police nationale. Chacun d'entre eux reçoit de multiples injonctions pouvant être contradictoires, en provenance du préfet, du procureur de la République, du directeur zonal, des quatre directeurs nationaux dont le DNPJ, avec chacun son calendrier et ses priorités. Dans une société où l’exercice du pouvoir hiérarchique est de plus en plus difficile, le rendre flou et plus complexe n'est pas satisfaisant.
- La départementalisation "dure" de la police judiciaire aboutit mécaniquement à la baisse de qualité du travail de fond et de long terme. Cette réforme n’a pas unifié et coordonné les services en charge de la lutte contre la criminalité organisée et spécialisée, elle les a, au contraire, isolés dans 51 départements différents, sous la seule direction d'un DIPN ayant beaucoup plus de poids qu’un DNPJ sans RH, sans budget, sans autorité hiérarchique.
Nous restons à votre disposition pour d'avantage de précisions.


UN "SUJET DE SÉCURITÉ MAJEUR"

CONFÉRENCE DE PRESSE le 20 mars 2023
Dès l’été 2022, magistrats et enquêteurs de la DCPJ dénonçaient les risques de la départementalisation de la Police Judiciaire : perte de savoir faire, d’efficacité, de réactivité, disparition de son maillage territorial et de son commandement zonal, isolement des services spécialisés, alourdissement des contraintes administratives…
A l’heure où elle se met en place en dépit des alertes et recommandations des missions d’informations parlementaires, l’Association Nationale de Police Judiciaire - ANPJ, l’AFMI, les syndicats de magistrats USM et SM, rejoints dans leur revendications par les avocats, de nombreux élus, d’anciens DGPN et hauts magistrats, ont expliqué, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue lundi à 14:30, pourquoi cette réforme affaiblira la lutte contre la criminalité organisée et financière.

Yann BAUZIN, Président de l'ASSOCIATION NATIONALE DE POLICE JUDICIAIRE
Marion CACKEL, Présidente de l'ASSOCIATION FRANCAISE DES MAGISTRATS INSTRUCTEURS
Aurélien MARTINI, Sécrétaire générale de l'UNION SYNDICALE DES MAGISTRATS
Sarah PIBAROT, Secrétaire nationale du SYNDICAT DE LA MAGISTRATURE
Etaient également présents :
Yves JOBIC, Contrôleur général honoraire de la Police nationale, en son nom et celui de Patrice Bergougnoux, ancien Directeur Général de la Police Nationale
Ugo BERNALICIS, député La France Insoumise et co rapporteur de la mission d’information de l’ Assemblée nationale
Elise VAN-BENDEN, Présidente de l'association ANTICOR
Caroline PROUST, actrice ayant incarné le commandant Berthaud dans la série "Engrenages"
Michel MARY, journaliste au Nouveau détective et spécialiste des faits divers
Frédéric PLOQUIN, journaliste d’investigation spécialisé dans les milieux de la Police, du banditisme et du renseignement
Marion GUÉNOT, Jean-Michel SCHLOSSER et Arthur TCHAKHOTINE, sociologues CNRS
François Molins, ancien Procureur Général près la Cour de Cassation, Éric Morvan, ancien Directeur Général de la Police Nationale, Jérome Durain, co rapporteur de la mission d’information du Sénat, et Dominik Moll, réalisateur du film « La nuit du 12 », qui ne pouvaient être présents ce jour, ont renouvelé leur soutien au combat de l’ANPJ.
RASSEMBLEMENTS DU 16 MARS 2023
Merci à vous tous !

Chers collègues, adhérents, soutiens, amoureux de la PJ,
Alors que les collègues d'Orléans et de Metz ont été contraints d'annuler au dernier moment pour nécessités de service, et que ceux de Marseille géraient 30 gardes à vue....
Jeudi midi, devant trente tribunaux judiciaires de France, nous étions plus de 2200 rassemblés sous la bannière de l'ANPJ pour manifester notre refus de subir la réforme de la police nationale et dénoncer son passage en force.
Des magistrats du siège et du parquet, des avocats, des membres d'Anticor, des chercheurs du CNRS, des syndicats, des élus et des citoyens étaient présents à nos côtés pour témoigner de leur soutien.
Malgré une actualité sociale brûlante, les journalistes étaient mobilisés et de très nombreux articles de presse ont relayé notre mouvement.
Nous pouvons donc être très fiers de nous, de nos convictions, de notre unité, de notre force et de notre volonté de combattre cette réforme inutile, destructrice et brutale.
Lire les discours

6 mars 2023
Une fois de plus, ce sont 1200 agents de la Direction Centrale de la Police Judiciaire, tous corps et grades confondus, qui se rassemblent spontanément, à midi, devant leur service, dans près de 30 villes, pour montrer leur mobilisation à l'encontre du passage en force de la réforme de la Police Nationale, et ce, en dépit des prescriptions des rapports parlementaires - le rapport sénatorial ayant, notamment, demandé un moratoire, eu égard le caractère "ni réaliste, ni raisonnable" de cette réforme.


3 mars 2023
Jeudi 2 mars 2023, Nadine Bellurot et Jérôme Durain ont présenté à la presse les conclusions de leur rapport sur l'organisation de la police judiciaire, fait au nom de la commission des lois

Après concertation, le conseil d’administration a décidé de reporter le rassemblement de l’ANPJ, prévu initialement sur PARIS le 11 mars prochain.
En raison du mouvement social de contestation contre la réforme des retraites et particulièrement de la grève reconductible de la SNCF, beaucoup d’entre nous risquent de ne pouvoir se déplacer sur la capitale ce jour-là.
Notre colère face à la marche forcée de cette réforme envers et contre tous, ne cesse de croître. L’absence totale de transparence et de dialogue renforce notre motivation et nous saurons exprimer notre refus à sa juste mesure très bientôt.
Restons d’ici là aussi persévérants et tenaces que sur nos enquêtes.

7 février 2023
Examen du rapport de la mission d’information sur la réforme de la police judiciaire dans le cadre de la création des directions départementales de la police nationale
ANGERS
BASTIA
BAYONNE
BORDEAUX
CAEN
CERGY
EVRY
LILLE
MARSEILLE
MONTPELLIER
NANCY
NANTES
NIMES
NANTERRE
PAU
PERPIGNAN
RENNES
TOULON
TOULOUSE
VERSAILLES
6 février 2023
Malgré les contraintes opérationnelles et les congés, en quelques heures, plus de 1100 agents se sont rassemblés spontanément ce jour à midi devant leur service, dans 20 villes de métropole et d’Outre Mer, pour contester le passage en force de la réforme de la Police Nationale que le ministre de l'Intérieur a enclenché au mépris des futures conclusions des deux commissions parlementaires et du rapport "Dominati".




24 novembre 2022

AUDITION DE L'ANPJ devant les rapporteurs de la Commission d'information de l'Assemblée Nationale
Mme Marie Guévenoux
Renaissance)
M. Ugo Bernalicis (LFI)


11 octobre 2022 Mobilisation au Bastion - PARIS
7 octobre 2022
Démonstrations de soutien, partout en France, suite à l'éviction de M. Eric ARELLA, Directeur Zonal SUD de Police Judiciaire.
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VISITE DU DGPN A MARSEILLE LE 6 OCTOBRE 2022
Vous avez demandé la PJ Limoges ? Ne quittez pas,...

LE "VEAUX-TOUR"
TIME TO FLIGHTS N° GATE REMARKS
26.09.2022 LILLE
06.10.2022 MARSEILLE
10.10.2022 LYON ANNULÉ
17.10.2022 VERSAILLES ANNULÉ
27.10.2022 RENNES ANNULÉ
Morts les enfants de la PJ

DANS LES SERVICES

AU PLACARD !
13 septembre 2022
Ce matin à Bordeaux, lors de la réunion interdite au personnel avec M. Frédéric VEAUX, DGPN, les fonctionnaires de la Police Judiciaire lui ont montré leur refus de sa réforme.
A l'image de la place de la DCPJ au sein de cette réforme.





















































































































































































































































































































